Thursday, March 14, 2024

Appel à textes pour les 20 ans de "Traction-brabant"


Vous trouvez pas que ce radar ultra moderne se sent un peu seul ?

Pour fêter les 20 ans de "Traction-brabant", qui vient de dépasser les 100 numéros avec sa vieille guimbarde de carrosserie, vous êtes invité(e)s à écrire sur : "Et les radars alors ?". 

En effet, comme vous le savez (ou pas), T-B a le même âge que ces gracieuses boites qui fleurissent nos jolies routes.

Envoyez donc vos contributions (poèmes en vers ou en prose) à p.maltaverne@orange.fr qui vous flashera à l'arrivée, avant le 31 mars 2024. 

Pas de limite de caractères, mais une limite de longueur : une seule page de format A5.

Les poèmes retenus seront publiés dans le poézine papier, prévu pour le printemps prochain.

Au plaisir de vous lire !

Incipits finissants (107)

J’aime avoir beaucoup écrit pour une raison toute simple : ne plus me souvenir de mes poèmes. Il y a trente-cinq ans, ça n’aurait pas été pareil. Je me serais repassé le même disque, faute de mieux ! Tandis qu’à présent, mon problème est résolu. Faut que ça serve à quelque chose de pratiquer un sport identique durant des années !

À ce propos, quelle mémoire pourrait stocker ces tonnes de mots ?! Bien entendu, je préférerais les connaître par cœur ! Mais pas possible, en plus de n’avoir pas les minutes disponibles pour m’y atteler.

Alors, je me console en relisant parfois mes anciens textes. Pendant ce temps-là, je n’écris pas. Toujours ça de gagné ! Et là, surprise !

Je n’arrive plus à me rappeler ce poème que j’ai écrit il y a juste cinq ans ! Trop génial ! Comme si je lisais vu du ciel ! En effet, plus les mots sont lointains, plus ça fonctionne ! C’est du moins l’impression que cela me procure. Un peu de plus et mes vers auraient été écrits par quelqu’un d’autre. Je ne comprends pas les auteurs qui paraissent s’aimer tout le temps tels qu’ils sont. Moi je préfère m’aimer quand ce n’est pas moi.

Dans ce cas, un tel langage passe pour plus habile et souple, semblant avoir été largué à fond la caisse par quelqu’un de très jeune. Comme si leur auteur ne s’était pas attardé dessus, que ces poèmes étaient susceptibles d’appartenir à tous, qu’ils étaient neufs.

L’effet produit est encore meilleur lorsque les textes en question ont été publiés. Dans une telle hypothèse, il n’y a aucune trace d’écriture manuscrite, Et ce livre, je ne m’en souviens pas davantage, tellement mes pensées ont passé depuis sa publication. J’aurais presque les moyens de le réécrire en partant d’un point identique pour me diriger vers autre chose.

Je plains les auteurs vite rassasiés, une fois ce constat effectué. Ils oublient la chance qu’ils ont eu d’avoir été publiés, ce qui ne leur sert à rien, puisque leur soif de reconnaissance ne peut être comblée.

Pour ma part, découvrir un poème déjà publié équivaut à de nouveau exister, Plaisir gratuit ! Illusion totale ! Tant que l’imagination vole plus loin que les mots, cela me suffit…

P.M.

Numéro 107 de "Traction-brabant"

 

Le numéro 107 de "Traction-brabant" est vendu au prix de 3 €. Alors, ne vous privez pas. Des exemplaires des anciens numéros sont également disponibles sur demande.

Pour plus de précisions, contact association le Citron Gare : p.maltaverne@orange.fr

Ce numéro 107 est également disponible sur Hello Asso : 

Présentation

"TRACTION-BRABANT" (alias T-B pour les intimes) est un fanzine d'écriture, de poésie et autres textes courts, créé en janvier 2004 par Patrice MALTAVERNE (conception, écriture, choix et mise en page des textes) et Patrice VIGUES (illustrations).

"TRACTION-BRABANT" existe aussi et surtout sous sa version papier à une cent soixante-dizaine d'exemplaires par numéro. Le poézine est à parution aléatoire, quoique... si tous les deux trois mois, les combattants sont en forme, un nouveau numéro sort de leur tanière.

"TRACTION-BRABANT", aujourd'hui publié par l'association Le Citron Gare, ne demande aucune subvention, le poézine a juste pour but de faire circuler à son modeste niveau une poésie pas trop classique ni trop molle surtout, ainsi que de véhiculer certaines pistes de réflexion, sans pour autant qu'il ne soit tranché dans le vif.

Plus précisément, à l'origine, TRACTION-BRABANT est la contraction de traction avant, l'auto et de brabant double, la charrue à double soc. Cela montre avant tout notre nostalgie pour ces vieux objets mécaniques ainsi que notre méfiance par rapport à un progrès non mesuré...

Les auteurs (poètes, illustrateurs) présents dans "TRACTION-BRABANT" sont plus de cinq cents, d'après les dernières stats.

Ce blog a pour but de reproduire des extraits du zine sous sa version papier et de faire connaître davantage ce que nous faisons....

"TRACTION-BRABANT" s'efforce d'encourager ses participants à des échanges de textes et d'idées et pourquoi pas à de possibles rencontres.

S'il vous plait, n'envoyez jamais plus de 10 pages format A4 (en un seul fichier et format Open office ou Word, de préférence) si vous contactez le poézine. 

À l'inverse, jusqu'à preuve du contraire, et contrairement à la majorité des revues de poésie d'aujourd'hui, aucune thématique n'est imposée dans "TRACTION-BRABANT". C'est la liberté chère au poète (du moins, je le crois) qui prime, et puis aussi, cette certitude que le poète peut trouver lui-même de quoi il a envie de parler quand il écrit…

P.M.

Contact pour l'association Le Citron Gare : p.maltaverne@orange.fr

Einstuerzende Neubauten

Mais y a du boulot

De Richard Roos-Weil (extrait de T-B 86)

Arriverons-nous bientôt ?

Un homme enfonce sa tête
Sous une cape noire
Il craint qu’elle ne chancelle
Et qu’il faille la ramasser
La tenir comme une offrande
Il faut aller vite et esquisser
Ces scènes
Ces signes qui s’effacent

"POéSie, VeRs et pRoSe - Poésie. Cherche l'épure" de Laurence Fritsch

Dans le blog de Laurence Fritsch, venez retrouver, entre autres, ses nano-poésies, des poèmes très courts, non seulement en ce qui concerne leur longueur totale, mais également coupés à l'intérieur de chacun de leurs vers. 

Ces poèmes traduisent ainsi la virtualité galopante de notre monde moderne et en même temps, contribuant à remplir le mot d'ordre de cette publication : "Cherche l'épure".

C'est ici, l'autre dimension.


Vue sur l'usine à préservatifs de Patrice VIGUES

Malta compil 2005 : "La désolation..." (avec lecteur mp3)

Le poème que voici, cuvée 2005, est extrait d'un recueil intitulé "Après" et dont des extraits ont été publiés dans les hors séries de la revue "Montée des poètes" en 2006 :

La désolation ...habite dans des régions jamais explorées
J'aurais dit ...débusque là comme si j'étais chasseur
Lui répondre ...avec ses armes pour enfin avoir la paix
Avec l'âme ...les foutaises d'infini qui rient de la mort
Elles pour elles ...veulent tout tout de suite et nos richesses
Comportent ...une valeur certaine sans rien à négocier
Pour toujours ...plus haut la peur me convie à un bal d'or
Le mot crucial ...en glissant entre mes bagues les gothiques
Quel beau luxe ...n'a rien été inventé qui me asse si peur
Que ce monde ...à lire et relire pour bien ressentir le mal

Lu ici sur une musique techno (désolé !) de Tonichicks : "Mixit"..., importée de Dogmazic, site de musique sous licence libre, https://www.dogmazic.net/

D'Éric Scilien (extrait de T-B 89)

LA CAVE
 
L’année dernière,
Pierre est descendu
à la cave
mais n’est jamais
remonté
 
et maintenant, je n’ose plus
aller chercher du vin
de peur que Pierre
ait bu
toutes les bouteilles
et que je sois obligé
d’aller en acheter d’autres
au supermarché

"20 000 ans sous l'éther", de Jean-Marc Couvé


 

De Jérôme Nalet (extrait de T-B 94)

NOS VIEUX
 
Ne sortent qu’entre chien et loup, nos vieux. Interdit le reste du temps.
 
On vous fera passer l’envie de vous distraire, voilà ce qu’on leur dit.
 
On les gave de silence et d’orties.
 
Il y en a encore qui fricotent, avec ça. Qui font des blagues et qui chantonnent…
 
Entre nous et l’abîme il y a nos vieux, et c’est parce que nous les brimons qu’ils se redressent, c’est parce que nous ne leur pardonnons rien qu’ils s’emploient à durer, qu’ils restent aux aguets comme en temps de vaches maigres.

Sirène rouge de Cathy Garcia


Et pour en savoir plus sur les illustrations, la revue et les textes de Cathy Garcia, je vous propose de leur rendre visite :

De Stéphane Mongellaz (extrait de T-B 95)

SECOURS DE LA BÊTE (I)

Le Printemps est une chance pour qui sait ce qu'il en coûte d'hiverner, de trahir l'intérieur de sa maison en y renforçant les murs d'une réflexion rotative, fracassée contre les fenêtres closes qui refoulent les ombres aériennes, ou bien de réchauffer sa bouche avec du coton piqué d'écailles, laissant le sol se bomber d'osselets couverts d'ivoire.

Le Printemps est un chaînon timide entre l'immobilité de la souche et la résurgence de sa verticalité, entre le souvenir de l'épine et son empreinte de sang. 

Le Printemps est un retour douloureux qui découvre à lui l'apathique réconfort du feu, et qui, combinant marguerites et pâquerettes humbles lambeaux greffés au cœur, étire le regard dans le mouvement que laisse à la branche l'envol du Corbeau.      

Clown 31 : illustration de Henri Cachau


Pour en savoir plus, contact : henricachau@free.fr

Au fil de l'eau et Soli de Benjamin Milazzo

Dans ce site de l'auteur Benjmin Milazzo, je retiens plus particulièrement ce qui m'est donné à lire, soit les séries de poèmes de "Soli" et surtout de "Au fil de l'eau". Poèmes en vers libres accompagnés d'une photo en noir et blanc. 

Textes singuliers, situés entre abstraction et réalité, qui gardent leur distance tout en s'approchant au maximum. Paradoxe de l'écrivain, peut-être ?...

C'est à lire ici.

Traction-brabant 107

 
La ligne éditoriale. Voici longtemps qu’elle me taraude, celle-là. Cependant, rien à faire : je ne m’y habitue pas ! Car cela ne me semble pas significatif pour la publication d’un texte. Et surtout, je trouve qu’il y a beaucoup d’hypocrisie là-dedans. Bien sûr, la ligne éditoriale fait vendre. Il est plus facile de fidéliser des clients quand des choix identiques sont reconduits par les éditeurs : de quoi se demander si la nullité ne disparaîtrait pas derrière la répétition ?...

Tandis que sans fil conducteur apparent, les pistes sont brouillées. Nos lecteurs ne savent pas, lors de chaque nouvelle parution, sur quel pied danser. À chaque fois, il faut recommencer de les séduire.

Hélas, je suis persuadé que, derrière le primat accordé à une sélection drastique, se cache l’étroitesse d‘esprit d’un éditeur qui n’aime, en fin de compte, qu’un style unique.

S’il avoue ne pas apprécier grand-chose de la production pléthorique actuelle, donnant ainsi dans l’élitisme, le voilà qui se place d’emblée au-dessus de la mêlée, tel un juge arbitre du présent. Du coup, son voisin, afin de ne pas être en reste, peut agir de manière équivalente et ne pas le concurrencer, grâce à une marotte aux antipodes de la sienne, autant valable ! Absurde !

À l’inverse, en aimant tout, on n’aimerait que l’usuel à la mode. Un tel manque de pouvoir sur les circonstances sied mal à un esprit brillant livré avec ses idées fixes, si possible accompagnées de préjugés obligatoires.

Bref, l’enthousiasme de l’amateur ne colle pas avec le sérieux d’une entreprise, ou bien l’éditeur effectue du négoce de livres comme s’il s’agissait d’autos en miniature !

Enfin, à y regarder de plus près, l’objet d’une passion serait difficile à définir, se résumant vite à des formules formalistes (« travail sur le langage ») ou pseudo-libertaires (« je publie ce que je veux »). Ainsi, à l’arrivée, derrière la ligne éditoriale émerge… sa pauvreté.

Pour ma part, au Citron Gare, je m’efforce d’éditer, depuis une dizaine d’années, non pas celles et ceux qui écrivent de telle ou telle manière, mais qui écrivent bien, programme plus ambitieux.

Quant à « Traction-brabant », pour ses vingt ans d’existence, j’aimerais continuer à dénicher de nouveaux talents, m’excusant par avance, auprès de certains(e)s, de la modestie de mes ambitions !     

P.M.

Monday, March 11, 2024

Les blogs de Jean-Claude Goiri

Je vous présente le blog de Jean-Claude Goiri qui retourne aux fondamentaux, puisque son blog s'intitule "Comment c'est un blog".

Derrière ce titre se trouve déjà résumée la caractéristique principale, à mon sens, de l'écriture de l'auteur.

Ce décalage par rapport à la réalité qui produit de l'humour. Ce non-sens léger qui nourrit l'écriture de liberté.

De cette façon, on peut réinventer le monde en entier, comme le fait Jean-Claude Goiri avec sa maison, qu'il a construite de bas en haut, pierres y compris. C'est vrai que l'on est jamais servi que par soi-même souvent !

Pour ouvrir la porte ou rentrer par la fenêtre si ça ne veut pas ouvrir, c'est ici.

Depuis, Jean-Claude Goiri a créé un second blog, qui porte son nom, et dans lequel on retrouve l'ambiance de son écriture et qui propose dans son bandeau liminaire un électrocardiogramme pas tellement régulier, qui est à opposer à des fondations (plus solides) proposées dans la rubrique du même nom : Saint-Exupéry, par exemple.

Friday, March 08, 2024

Incipits finissants (68)


Rien à faire. Après une lecture d’Artaud, je me dis que la poésie qui me procure du plaisir est irriguée par la tension. Car sans elle, je m’emmerde, je l'avoue volontiers. En affirmant cela, je n'ignore pas que tous les lecteurs de poésie ne partagent pas cet avis, la plupart d’entre eux évitant toute violence, même écrite, comme la peste. Tout simplement parce que cela les fatigue et qu'ils la trouvent néfaste.
D’ailleurs, à y regarder de près, les poètes tendus souffrent du syndrome de l’usure prématurée de leurs piles, d’autant plus que, pour demeurer dans un tel état, il faut être atteint. Et ça ne peut durer très longtemps, soit parce qu’on meurt plus vite que les autres (suicide ou maladie), soit parce que la folie et son corollaire, la révolte, se retirent et nous laissent avec un encéphalogramme plat.
Or, je commence à avoir connu pas mal de ces poètes qui ne s’appellent pas Rimbaud, mais qui m’ont fait rêver avec les premiers textes, avant de s'effacer peu à peu. Il faut croire que comme dans le sport, tout leur jus est sorti d’eux et qu’ils n’ont plus rien à dire, ce qui n’est pas une tragédie, en fin de compte. La tragédie véritable serait de ne plus rien avoir à dire et de continuer pourtant à écrire. Pensez-vous, il s'agit là d'une hypothèse d'école !
Certes, pour durer, rien ne vaut la bonne vieille poésie pépère, qui nourrit ses certitudes de perfections formelle et stylistique. J’en publie parfois et je parviens même à en écrire, car il faut bien survivre et faire vivre le genre, sauf que là ne réside pas mon bonheur profond.
Je ne suis donc pas certain qu’il faille se féliciter d’être un poète pépère. En effet, il n’est pas difficile de durer si l’on est toujours à côté de la plaque. Je ne pense pas non plus qu’il faille se faire maudit pour produire de l’énergie poétique. La tension devrait être plus un état naturel qu’une œuvre d’art.
Le seul truc intéressant me paraît être de se maintenir en éveil. Les exemples ne manquent pas, pour qui sait les voir, d’individus qui n’abdiquent pas dans leurs têtes, sans pour autant en finir avec la vie.
Sinon, il reste l’espoir de saluer l’apparition de nouveaux météores. Car si la tension n’est plus ici, elle se trouve quelque part ailleurs. Et tant pis pour la personne qu’elle traverse. L’essentiel est qu’elle renaisse indéfiniment à toutes les époques devant nos yeux de lecteurs surpris par tant d'inconfort accepté avec tant de fraîcheur d'âme. 

P.M. 

Saturday, March 02, 2024

De Ludovic Rembur (extrait de T-B 93)

Qu’une nue sans image
Qu’un olympique de soi
Qu’une blonde sans inverse

D’une nue sans image
D’un olympique de soi
Qu’une blonde sans inverse

Blonde nymphe
Nymphe blonde
Ronde nymphe
Les arondes

L’équilibre des flots
L’équidistance des propos

Blonde nymphe
Nymphe blonde
Ronde nymphe
Les arondes

Le mouvement des flots
L’équilibre des propos

Wednesday, February 28, 2024

De Jean-Jacques Camy (extrait de T-B 104)

L’abandon
 
L’enfant s’est réveillé dans le noir,
et se voit abandonné. Les vitres sont fermées
et il commence à gémir, puis il pleure,
de plus en plus fort. Il sait que ses pleurs
traverseront les glaces et parviendront
à sa mère qui, au fond de son cœur,
ne pourra que les entendre.
 
Mais la mère ne vient pas, et l’enfant
appelle plus fort, pour que son appel
transperce les vitres qu’il ne sait pas ouvrir.
 
L’enfant a mal au cœur, il a peur, il fait nuit
dans ce premier pas de solitude.
Les minutes s’écoulent et, pour lui, toute une vie.
Seul et désespéré il se réfugie dans ses sanglots
qui le drapent d’une protection fragile.
 
L’enfant ne sait pas…
 
Il guette les ombres derrière la vitre.
Il espère le visage de la mère
qui ne vient pas.
 
L’enfant imagine qu’il rêve, que tout cela n’existe pas.
Où est donc sa mère, qui viendra le sauver ?
L’enfant ne sait pas qu’il reviendra encore
derrière les vitres. L’enfant ne veut plus,
jamais il n’oubliera.
 
L’homme regarde derrière les vitres,
il sait les ouvrir, maintenant.
Cela devrait le rassurer,
mais pourtant sa poitrine se serre.
Il n’attend personne, et personne
ne viendra plus, maintenant,
le délivrer.
 

Sunday, February 25, 2024

Traction-brabant 17

Encore une fois de plus nous échappera le cœur du problème. On a beau le savoir, on ne résiste pas assez contre ça. Contre ce fabuleux retour de l’Ordre Moral (O.M. comme Ordures ménagères).
Bien entendu, je ne vois guère d’homme politique qui ne vante la vertu parce qu’elle se range du bon côté du fric. La vertu est à la mode, elle est high-tech. Ne pas l’accueillir, c’est comme si après avoir abattu tous les murs, de Berlin et d’ailleurs, on ne construisait rien à la place. Dans le clan des débraillés dépourvus d’influence, il n’y a plus guère que le père Sade pour défendre le néant bienheureux.
Pourtant, sous nos aspects séducteurs, la modernité n’est pas moderne et la marginalité pas plus, qui demeure marginale.
Le problème essentiel est que nous voulons toujours être à peu près normaux. Nos modèles sont usagés et nous y tendons comme à la guerre. Tant que nous trouverons la consolation dans les fêtes calendaires, le retour des saisons et autres babioles, la parfaite sentimentalité familiale qui ne fait que des morts, l’échappatoire par le travail , nous n’aurons pas avancé d’un pas. Nous n’avons peut-être pas d’autre choix ou bien sommes-nous assez naïfs pour nous le figurer ?
Il est affligeant de voir les maîtres de ce monde entuber les masses, parce qu’elles sont trop sentimentales.
Ah ! La bonne vieille vertu ! Les certitudes se rapportent plus ou moins à la sainte vierge, aux liturgies catholique rigide, baba cool mollassonne, voire plus sûrement à la doxa des origines bienheureuses et sans cesse retrouvées. Mais tout ça c’est du pareil au même.
Faut vraiment retenir autre chose de l’existence, et surtout rien du tout, faute de mieux. Tel est le secret de la réussite absolue. Ne rien vouloir d’autre que la vérité sans les fleurs bleues qui l’accompagnent. Pousser les âmes au concret afin qu’elles perdent de vue les valeurs des voleurs.
De toute façon, nous nous perdrons encore et toujours par amour des ressemblances, des références. Nous sommes faits pour nous cloner, nous sommes destinés à y croire, bien que le vide bouche tous les trous.

P.M.

Appel à textes pour les 20 ans de "Traction-brabant"

Vous trouvez pas que ce radar ultra moderne se sent un peu seul ? Pour fêter les 20 ans de "Traction-brabant", qui vient de dépass...